Les premiers travaux de l’IASB sur la norme du contrat d’assurance remontent à 1997 et IFRS 4 phase II ne sera probablement pas d’application obligatoire avant 2019. Comment expliquer une aussi longue gestation ?
1. Le modèle économique de l’assurance
En premier lieu, le modèle économique de l’assurance présente des spécificités qui déterminent fortement la présentation du patrimoine et de la performance
des assureurs :
- L’inversion du cycle de production : les primes perçues aujourd’hui couvrent un risque futur marqué essentiellement par l’incertitude,
- Les techniques de mutualisation : la couverture de risques homogènes mais indépendants, répartis sur une population assurée assez vaste doit permettre, en application de la loi des grands nombres, d’approcher statistiquement la probabilité de réalisation du sinistre avec une marge d’erreur réduite,
- Le décalage, significatif parfois, entre le fait générateur du sinistre et sa matérialisation (pollution d’un site, maladie …),
- Enfin, la nécessité de gérer activement l’équilibre actif-passif (la couverture des engagements pris vis-à-vis des assurés par des actifs de duration, de rendement et valeur équivalente), tout au long de la vie des contrats.
- Ces différentes contraintes génèrent une incertitude significative sur le résultat in fine des contrats d’assurance et, potentiellement, une volatilité accrue (pics de sinistralité, catastrophes naturelles, crises financières).
2. Un projet de norme complexe, qui ne séduit pas la profession
La complexité de mise en œuvre de la norme IFRS 4 phase II peut être illustrée de plusieurs façons. A titre d’exemple, l’utilisation d’un taux d’actualisation courant pour la valorisation des provisions techniques nécessite de mesurer l’impact des changements de taux, qui ont vocation à être constatés dans les fonds propres. Cela signifie que le taux qui a servi au calcul de la provision à la date de mise en place de la couverture d’assurance doit être conservé dans les systèmes d’information, et ce, contrat par contrat. Une telle pratique va à l’encontre du principe de mutualisation et les simplifications opérationnelles envisageables (utilisation d’un taux trimestriel ou d’un taux moyen) n’apparaissent pas moins complexes à mettre en œuvre.
- Les écarts impactant le résultat, qui résultent des divergences entre les cashflows estimés et les cashflows réels relatifs au contrat (écarts d’expérience),
- Les écarts relatifs aux modifications prospectives des cashflows estimés, qui ont vocation à être « absorbés » par imputation sur la marge contractuelle de service,
- Les écarts issus de l’utilisation d’un taux d’actualisation courant, qui transitent par les fonds propres recyclables (OCI).
3. En guise de conclusion
On comprendra qu’IFRS 4 phase 2, associée à IFRS 9, ont pour conséquence d’amplifier les décalages comptables, générant ainsi une volatilité accrue du résultat et des fonds propres.