La mise en place d’IFRS 13 a permis de préciser la prise en compte du risque de crédit sur les expositions positives des dérivés (Credit value adjustment ou CVA) et, symétriquement, la prise en compte du propre risque de crédit de la banque sur ses expositions négatives des dérivés (Debt value adjustment ou DVA).
Les banques ont intégré une troisième correction de valeur sur la valorisation de leurs dérivés : la « Funding value adjustment » ou FVA. Les conséquences comptables sont impressionnantes : BNPP a comptabilisé en 2014 une charge de 166 millions d’euros au titre de la FVA, SG -52 millions d’euros, le Crédit Agricole -167 millions d’euros et BPCE -82 millions d’euros.
Cette FVA provient de deux facteurs. D’une part, la non-collatéralisation parfaite des opérations de dérivés, et d’autre part, la distorsion de conditions entre la rémunération des appels de marge prévue par le « Credit support annex » ou CSA entre banques, et le coût des opérations de financement.
Prenons, par exemple, une banque qui a mis un swap non collatéralisé avec un client et qui adosse sa position avec une salle de marché. Cet adossement sera collatéralisé. Le CSA prévoit que la rémunération entre banque du collatéral est basée sur le taux overnight (OIS) comme l’EONIA sur l’Euro. Si on imagine que le swap effectué avec le client a une valeur positive, le swap effectué sur le marché a donc une valeur négative. Notre banque devra alors verser un appel de marge rémunéré à l’EONIA. Normalement, si le swap clientèle était collatéralisé, la banque devrait recevoir un appel de marge rémunéré à EONIA. Comme par hypothèse, le swap clientèle n’est pas collatéralisé, la banque doit financer l’appel de marge qu’elle verse, à un taux supérieur car prenant en compte le coût de liquidité de la banque. Une marge négative (perte) sera alors dégagée.
Dans la situation inverse (Dérivé clientèle ayant une valeur négative et non collatéralisé et dérivé marché ayant une valeur positive et étant collatéralisé), la banque recevra un deposit qu’elle rémunèrera à EONIA et qu’elle replacera alors à un taux supérieur. Une marge positive (gain) sera alors dégagée.
Ces pertes ou ces gains liés à l’asymétrie des conditions entre la rémunération du CSA et les conditions de marché est appelée Funding value adjustment ou FVA. Elle peut être négative ou positive. L’introduction de cette correction de valeur en comptabilité suscite des débats : n’y –t-il pas un double comptage avec la comptabilisation de la CVA et DVA ? La transparence des états financiers est-elle améliorée par la prise en compte de cette correction de valeur ?
BNPP indique dans ses notes que les ajustements additionnels de valorisation pour risque de contrepartie (CVA) et pour risque de crédit propre (DVA) et l’ajustement explicite du coût de financement (FVA) sont considérés comme des composantes non observables du dispositif de valorisation. Les instruments pour lesquels ces composantes sont significatives sont par conséquent classés en Niveau 3 dans la hiérarchie de juste valeur.